Quelle routine pour cet été ?
Pourquoi ce titre alors que la méditation est censée nous faire sortir de la routine, des voies toutes tracées et d’un certain automatisme ? Clarifions donc ce que nous entendons ici par « routine » et discernons la différence entre celle qui nous endort et celle qui nous (r)éveille. Et détaillons les trois étapes essentielles à respecter pour ne pas (re)plonger dans le train-train enfermant du quotidien.
Pour cela, un éclairage sur ce qui est aux commandes de notre cerveau s’impose.
Pilote automatique et Pilote adaptatif
– Le pilote automatique se situe dans 2 zones de notre cerveau autrement nommé « ancien cerveau » comprenant le cerveau reptilien et le cerveau limbique. Il est utile pour gérer les situations simples ou connues. Il est rapide, fiable (la plupart du temps), rigide (car rempli de certitudes) et il ne consomme pas beaucoup d’énergie. Sa force est de déclencher des réactions rapides face à des situations routinières. Il s’active de manière rapide face au danger.
Le bénéfice est de reléguer à une partie du cerveau telle ou telle tâche pour économiser son énergie. Le négatif, c’est que la personne est alors ailleurs, téléguidée par ses automatismes, non présente à ce qu’elle fait, dit, mange et à son interlocuteur. Le pilotage automatique offre donc un échappatoire temporaire. Il nous permet de fonctionner face au stress, à l’anxiété ou à l’ennui.
– Le pilote adaptatif se situe dans la zone la plus récente de notre cerveau : le cortex préfrontal, juste derrière le front. Il est utile pour gérer les situations complexes ou inconnues. Il est lent, fluide, global, innovant et consomme beaucoup d’énergie. C’est
lui qui nous permet de prendre du recul, d’apprendre de nos erreurs en les analysant, de nous transformer, d’innover, de sortir des sentiers battus, d’explorer de nouveaux horizons.
La moitié du temps, c’est le pilote automatique qui est aux commandes. Il gère notre quotidien, tout ce que nous faisons automatiquement, sans réfléchir. Le pilote adaptatif est en arrière-plan. Il est d’astreinte. Il se manifestera quand la situation le nécessitera, il prendra les manettes et fera son travail (analyser et comprendre la complexité, innover, apprendre). Ensuite, il rendra les commandes au pilote automatique qui aura intégré ces nouvelles compétences. Les 2 pilotes ont leur pertinence. Si le pilote automatique nous permet d’avoir des réflexes et de faire preuve de spontanéité, le pilote adaptatif nous permet de prendre du recul, de développer une capacité d’ouverture à l’imprévu, de percevoir le caractère complexe d’une situation et d’être curieux.
L’important est de discerner la différence entre les deux pilotes afin de faire le choix conscient de naviguer de l’un à l’autre pour un meilleur équilibre. La méditation est le moyen le plus adapté pour sortir du pilotage automatique qui ne peut et ne doit régir notre existence en continu. Lorsque l’on médite, on concentre son attention sur le moment présent. Chaque fois que l’esprit essaiera de détourner le processus de pensée et de nous emmener ailleurs, nous le remarquerons et le corrigerons doucement.
Les 3 étapes pour se libérer de l’automatisme : Voir – Ressentir – Agir
Voir
Au sens de mettre en lumière ce qui est et non ce qui devrait être. La vision objective au lieu de la pensée interprétative.
Ressentir
C’est plonger au coeur de ses émotions en se connectant au corps et en débranchant « radio mentale ». C’est écouter ce que ça me fait plutôt que ce que ça raconte. Sans cette compréhension sensorielle, corporelle, le mental prend le dessus.
Agir
C’est apporter une réponse juste à une situation plutôt que d’être rattrapé par des automatismes et par des habitudes. C’est découvrir des voies de traverse pour répondre à la situation plutôt que de réagir. C’est permettre alors au pilote exécutif de reprendre les commandes. C’est le sens même du travail qui se fait jour après jour quand nous méditons. C’est la mise en pratique de ces trois actions tant dans la vie quotidienne personnelle que professionnelle.
QUELLE ROUTINE QUOTIDIENNE SE PROPOSER ?
– Prendre une minute dans son lit le matin avant de s’en extraire pour ressentir et se connecter avec « l’ici et maintenant ». Faire de même au moment du coucher.
– Si l’on prend le temps de se poser, écouter la météo intérieure « corps coeur cerveau ».
– Et/ou écrire tous les soirs ou régulièrement ses ressentis difficiles ou heureux.
– Faire silence par tranches de 2 minutes, 3 fois par jour.
– Les pauses respiration de quelques minutes :
– « ABCD ou anatomy/corps, breathing/respiration, counting/compter les inspires et les expires, distractions/celles qui arrivent invariablement : en prendre conscience pour ramener l’attention sur le souffle ou le corps ».
– Cohérence cardiaque afin de rééquilibrer le coeur et les poumons (5’ 3 fois/jour).
– Promenade, jogging ou pratique sportive en pleine conscience (sans musique, podcast, etc.).
– Enfin, appliquer de manière informelle « voir, ressentir, agir » : voir plutôt que penser, ressentir ce que ça fait plutôt que raconter ou écouter ce que ça dit, agir de manière juste plutôt que « ré »agir.
Bibliographie :
L’intelligence du stress, Jacques Fradin, Eyrolles
Méditer avec le Dr Steven Laureys, Odile Jacob par le Dr Steven Laureys
Guide pratique de méditation, Stéphane Leduc & Céline Lévita, Editions Eyrolles
Une seconde d’avance, Rasmus Hougaard, Deboeck